Pierre-Jean CALMELS inventeur du couteau laguiole en 1829
Pierre-Jean Calmels, s'établit coutelier. Il était très jeune, 16 ans à peine, étant né en 1813, mais le Génie n'a pas d'âge. Travaillant durement, il allait alors presque immédiatement créer un couteau joignant l'élégance au fonctionnel. En 1829 le couteau fermant à cran forcé est né ! Pierre-Jean Calmels allait vite devenir célèbre et fonder une dynastie de couteliers qui ne le furent pas moins; celle-ci se perpétue encore de nos jours. Il maîtrisait parfaitement son art, qu'il allait transmettre à ses descendants.
Les premiers couteaux de Pierre-Jean Calmels, sont presque tous des modèles de luxe, montés en ivoire et ont déjà la "lame yatagan" qui caractérise depuis les couteaux de Laguiole. Ce sont de magnifiques pièces, ce qui motiva certainement leur conservation. Les modèles courants à manche de corne furent certainement les plus nombreux. Certains de ces premiers couteaux, sans doute les plus anciens, sont à cran d'arrêt "à mouche", petite protubérance cylindrique sur l'arrière du dos de la lame, engageant un trou correspondant à l'avant du ressort.... On soulève celui-ci pour la fermeture, par une traction sur un anneau porté par un mentonnet sur sa partie avant, afin de lui permettre de libérer la lame en dégageant cette "mouche". Ce système, peut-être emprunté aux "navajas" catalanes, dont il est classique, se rencontre toujours sur de nombreux couteaux de types et origines très divers.
Mais bientôt ce cran d'arrêt "à mouche" fut remplacé par un "cran forcé", inventé par Pierre-Jean Calmels, qui sera dès lors une des caractéristiques des couteaux de Laguiole. Ce "cran forcé" est une excroissance triangulaire sous l'avant du ressort, qui à l'ouverture engage un évidement correspondant du talon de la lame. *Ce n'est pas à proprement parler un "cran d'arrêt, il ne verrouille pas la lame, mais il rend plus ferme sa tenue une fois ouverte. Il cède ainsi à la pression de la main sur cette lame pour la fermeture, mais au prix d'un plus grand effort que le simple emboîtement carré du ressort sur le talon des couteaux fermants habituels. La forme du manche, dans les débuts, est déjà très fonctionnelle, légèrement renflée au milieu pour bien épouser la forme de la main qui l'étreint et allant ensuite en s'effilant, légèrement courbée.
Vers 1840, Pierre-Jean Calmels ajoutera à ses couteaux, du moins à ceux de bonne qualité courante à manche de corne, un poinçon articulé sur le talon du manche, qui allait définitivement assurer leur succès auprès de la clientèle rurale. Il allait alors amener rapidement la disparition des "Capuchadous", du fait qu'il rendait les mêmes services sous un plus petit volume, étant pliant et facile à mettre en poche.
Ce poinçon en effet permettait de réparer les harnais "sur le terrain", de sortir les cailloux se glissant souvent sous les fers des animaux de trait et, au besoin, de percer les panses du bétail "météorisé". Cela faisant du Laguiole un outil universel couvrant tous les besoins du paysan, assurant ainsi son succès auprès de ceux-ci qui devaient l'adopter immédiatement, en place de tous les autres modèles.
Vers 1850, le Laguiole aura pris pratiquement sa forme définitive, par l'adjonction de "mitres" de laiton aux deux extrémités de son manche qu'elles renforcent.
La dynastie des CALMELS
A Pierre-Jean Calmels, créateur du Couteau de Laguiole, qui mourut en 1876, succéda son fils Pierre. Celui-ci ajouta au ressort une pièce mobile, la "coulisse" qui lui permet d'agir non seulement sur la lame, mais aussi sur le poinçon et plus tard le tire-bouchon que Pierre devait remettre en honneur en 1880. Le retour de cet additif était alors motivé par la "montée à Paris", à cette époque, de nombreux Rouergats et Cantaliens, qui venaient de plus en plus nombreux y chercher fortune dans la "Limonade", puis dans la "Restauration". Professions dans lesquelles ils allaient connaître une réussite fulgurante et où le tire-bouchon s'avérait un outil indispensable. Adjoint au couteau qui ne quittait jamais la poche de ces nouveaux arrivants, ils l'avaient ainsi toujours sous la main. C'était le modèle "trois pièces" qui allait vite se répandre, jusqu'à devenir le plus courant. Sans doute Pierre n'en fut pas l'inventeur, l'adjonction d'un tire-bouchon n'étant pas une nouveauté, mais il le développa sous une forme qui allait vite s'imposer. Malheureusement il ne devait pas profiter longtemps de ses inventions, car il décéda en 1887.
Son fils Jules qui lui succéda, devait connaître le succès croissant du couteau de Laguiole dans la Capitale, du fait d'un afflux de plus en plus important d'Aveyronnais et limitrophes. Plus heureux que son père, il devait vivre jusqu'en 1930, où il mourut en laissant deux fils.
L'aîné, prénommé Jules comme son père, s'était depuis 1927 installé à Rodez, où très vite il avait acquis une grande renommée. Son fils Jacques lui succédant a continué à maintenir celle ci très haut aprés quoi il mourra et c'est alors que sa femme Laurette et sa fille Isabelle héritérent du magasin, la réputation des Calmels ne pouvant déchoir.
Quant au cadet, Pierre, il prit la suite de son père dans la même boutique de Laguiole ou actuelement ses filles perpétuent la tradition.